Adrien Bernard-Brunel

Comédien et accordéoniste, Adrien Bernard-Brunel entame en 2002 sa formation au CRR de Cergy-Pontoise en parallèle avec une Licence d’Etudes Théâtrales à l’université Paris III – Sorbonne nouvelle. Il est formé par Hubert Jappelle à l’interprétation et à la recherche théâtrale dans les œuvres du répertoire. 

Sorti du conservatoire en 2005, il joue ensuite régulièrement sous la direction d’Hubert Jappelle au Théâtre de l’Usine (Éragny-sur-Oise) dans une dizaine de créations dont Le Malade imaginaire, L’école des Femmes (Molière), Les fausses confidences, La mère confidente (Marivaux), Il ne faut jurer de rien (Musset), En attendant Godot (Beckett), Les Justes (Camus). Les quinze années passées au Théâtre de l’Usine sont un des larges socles de sa formation théâtrale. Car en plus du métier de comédien, il a pu s’y former dans tous les corps de métiers que sa curiosité et sa passion du théâtre le pousse à pratiquer : la création lumière, la régie, la scénographie et la manipulation de marionnettes…

Parallèlement, l’envie de mettre en scène l’amène à fonder une première aventure (de 2004 à 2014) en transformant un garage en un lieu de recherche et de représentation clandestin : le Théâtre du Tricorne (Sannois). À la recherche de formes théâtrales capables d’offrir au sublime de la représentation la voix des silencieux, il monte En attendant Godot de Beckett, La Cantatrice Chauve de Ionesco (2008), Les Bonnes de Jean Genet (2014), ainsi que des créations mêlant musique et théâtre : Le Grand Orchestre du Tricorne gueule Rictus (Jehan-Rictus) et 24 Fleurs du Mal (Baudelaire et Chopin) en co-direction avec Eléonore Guillaume. 

Quittant l’Île-de-France pour s’installer en Pays de la Loire en 2013, il travaille régulièrement autour des questions sociales avec Laure Mounier et Samuel Découx au Théâtre du Cyclope (Nantes) en mettant en scène Huis Clos (Sartre) et en collaborant sur Les 7 jours de Simon Labrosse (C.Fréchette). 

Sa migration est marquée aussi par sa rencontre avec Anton Quénet-Renaud. Avec lui, il collabore comme interprète et metteur en scène sur deux premiers projets hybrides qui conjuguent théâtralité et musiques actuelles : Shanghaï Karaoké Hôtel (P.Gazsity), The Shallows (H.Thorsen).Par ailleurs, sa fidélité étant garant de sa liberté de comédien, il multiplie les collaborations sur tout le territoire, à la découverte d’autres perspectives de langage théâtral. Ainsi, depuis 2012, il joue notamment sous la direction de Paul Nguyen dans Le jeu de l’amour et du hasard (Marivaux), de Néry Catineau (Ex V.R.P.) dans Le dragon (Evgueni Schwartz) puis Faÿas : l’exercice du « Pouvoir », ainsi que sous la direction de Nelson-Rafaell Madel dans Erzuli Dahomey, déesse de l’amour (Jean-René Lemoine) et Au plus noir de la nuit (André Brink).

Théâtre et Démocratie

L’être humain est un être essentiellement social et non un être solitaire comme le défendait Jean-Jacques Rousseau. L’individu a besoin des autres pour survivre.
La démocratie cherche une règle commune permettant de vivre ensemble, de s’accorder, de corriger les injustices et d’éviter les massacres. De fait, elle cherche à résoudre une contradiction qui naît des deux principes sur lesquels elle se fonde :
1) égalité des conditions d’accès pour tous au savoir, aux droits, etc…
2) indépendance, autonomie de chaque individu. C’est dire avec Jacques Rancière, que “la crise est consubstantielle à la démocratie”.
Aujourd’hui, si l’on écoute Alexis de Tocqueville, ce serait l’individualisme qui menacerait notre démocratie : la conception que nous avons de la liberté moderne se fondrait sur le seul progrès de notre confort personnel… Le théâtre peut, modestement certes, s’opposer à cette dérive dangereuse en réveillant le sentiment du collectif. Oui, “le théâtre est bien un lieu de parole qui rassemble un groupe humain, mettant en présence réelle spectateurs et acteurs. Il contribue à maintenir l’usage d’une parole (sonore et signifiante) et reste de ce fait un lieu fondamental de la réorganisation sociale, où se maintient et se développe une culture commune (...). La notion de ce théâtre démocratique ne s’appuie pas sur le postulat totalitaire inepte que nous aurions tous à devoir être égaux et tous ensemble à fusionner dans une même émotion mais elle se fonde sur le fait que nous sommes tous semblables en tant que membres appartenant à la même espèce. Semblables et différents.