Agnès Gaulin

Comédienne, marionnettiste, lectrice, en pleine confirmation féministe, en alerte au quotidien sur les questions qui touchent aux formes d’oppression sociales et maltraitance du vivant.

Au sortir d’études en art théâtral (Université Paris 8), Agnès Gaulin devient libraire et profite de sa liberté de comédienne amatrice. En 2007, elle décide de vivre pleinement son besoin de théâtralité et découvre l’univers du théâtre de marionnettes. Accueillie par la Cie Pipa Sol (théâtre jeune public) et formée au Théâtre aux Mains Nues, elle entame un travail de recherches alliant interprétation, fabrication, écriture, transmission et régie d’un lieu d’accueil en résidence. Après presque dix ans de partenariat et trois créations, Agnès se tourne vers l’écriture (formation à l’animation d’atelier d’écriture – Université de Cergy) et reprend le chemin de l’auto-formation sous forme de stages : théâtre masqué, danse théâtre, lecture à voix haute, jeu et interprétation (atelier d’acteur d’Hubert Jappelle).

C’est en ces occasions qu’elle rencontre l’éducation populaire et le théâtre forum avec la Cie Naje (92). Parallèlement, elle s’ouvre à la sociologie et se forme un esprit critique voire politique. En 2019, sur l’invitation du Théâtre de l’Usine, elle met en forme et porte un projet de résidence artistique en milieu scolaire À l’ombre de soi, récits d’exil, aboutissant à la création Les Ombres d’après les textes de Vincent Zabus.

Elle travaille actuellement sur la résidence de recherche et d’expérimentation Et si Pandore avait raison au Théâtre de l’Usine.

Théâtre et Démocratie

L’être humain est un être essentiellement social et non un être solitaire comme le défendait Jean-Jacques Rousseau. L’individu a besoin des autres pour survivre.
La démocratie cherche une règle commune permettant de vivre ensemble, de s’accorder, de corriger les injustices et d’éviter les massacres. De fait, elle cherche à résoudre une contradiction qui naît des deux principes sur lesquels elle se fonde :
1) égalité des conditions d’accès pour tous au savoir, aux droits, etc…
2) indépendance, autonomie de chaque individu. C’est dire avec Jacques Rancière, que “la crise est consubstantielle à la démocratie”.
Aujourd’hui, si l’on écoute Alexis de Tocqueville, ce serait l’individualisme qui menacerait notre démocratie : la conception que nous avons de la liberté moderne se fondrait sur le seul progrès de notre confort personnel… Le théâtre peut, modestement certes, s’opposer à cette dérive dangereuse en réveillant le sentiment du collectif. Oui, “le théâtre est bien un lieu de parole qui rassemble un groupe humain, mettant en présence réelle spectateurs et acteurs. Il contribue à maintenir l’usage d’une parole (sonore et signifiante) et reste de ce fait un lieu fondamental de la réorganisation sociale, où se maintient et se développe une culture commune (...). La notion de ce théâtre démocratique ne s’appuie pas sur le postulat totalitaire inepte que nous aurions tous à devoir être égaux et tous ensemble à fusionner dans une même émotion mais elle se fonde sur le fait que nous sommes tous semblables en tant que membres appartenant à la même espèce. Semblables et différents.